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nothing without lipstick...
26 novembre 2005

Aloha From Hawaii

J’en parlais depuis longtemps, un peu partout autour de moi, ma fascination pour Elvis Presley tendait jusqu’à la faim boulimique de scruter tous les concerts des cinq dernières années de sa vie.

J’ai cette sorte de jouissance totalement sadique (et assumée) d’explorer de fond en comble le worst of de n’importe quel artiste ou pseudo artiste qui m’intrigue un tant soit peu. Inimaginable. Ce plaisir que ça me procure. Surtout, surtout, surtout, chez ceux que j’adule. C’est ainsi que j’accumule DVD, vidéos, disques, photos, chinés ça et là, DVD, vidéos, disques, photos… du pire du meilleur (bien souvent pire que le pire du pire, qu’on se le dise), les exposant fièrement sur mes étagères façon trophées de chasse (c’est à ce point). Je pense instantanément aux premières années souvent (et malheureusement) méconnues de la vie d’artiste de David Bowie. Et les documents sonores (son tout premier album, avant « Space Oddity » pourtant bien gratiné mis à part la chanson éponyme, ou « London Boy », compil’ savoureusement foireuse, comportant des perles comme « The Laughing Gnome » dont j’aime faire croire sérieusement à qui veut bien l’entendre qu’elle est la chanson que je préfère de l’auteur de « Low ») ne sont rien à côté du visuel (je reviens sur Bowie c’est quasi inévitable, lorsqu’il se la joue mime Marceau, accoutré comme une pute déguisée en clown, ses clips grandiloquents sur (et extrêmement mal) joué(s), apparaissant dignement coiffé comme un gland, vêtu de chemises à jabots indiciblement grotesques, j’en passe, et des meilleures pourtant…). Bowie indétrônable ? Sans parler du talentueux duo comique de Ringo Starr/Marc Bolan dans « Born To Boogie » ? Des apparitions télé de Roxy Music ? Des premiers clips de Depeche Mode ?... Ouais, non. Bowie n’avait pas de sévère concurrent.

Je comptais donc sur toi, Elvis. Lorsque ton rock n’ roll était totalement has been, que d’horribles groupes de musique progressive te volaient la vedette, te snobant à coup de solos de guitares soporifiques, quand des chanteurs pop accoutrés en danseuses de cabaret cheap faisaient crier (voire plus) les filles, lorsque ça bardait du côté de New York où de jeunes groupes hurlaient dans des clubs, clamant et rejetant à la fois ton influence… T’étais dépassé. Alors t’as troqué ta guitare de rocker avec ton célèbre costume blanc de crooner de dessin animé, ta gueule de bad boy angélique avec ton visage suant et bouffi décoré de rouflaquettes, ton Jack Daniel’s avec des sandwiches beurre de cacahuète/banane et des cocktails Valium/Amphétamines, ton déhanché satanique contre tes pas éléphantesques. Et puis à Memphis, t’as finalement préféré Hawaii…

T’étais bien ridicule avec ta bonne centaine de colliers de fleurs qui te cachaient le visage, boudiné dans ta tenue de scène à paillettes, tu suais comme un bovin et t’en avait l’allure. T’as du éprouver une certaine nostalgie, quand t’as jeté une œillade sur ton public constitué de vieilles pimpantes qui peinent à applaudir avec leurs doigts bourrés d’arthrose. Il était loin le temps des midinettes qui jetaient leurs culottes salles sur la scène. Ouais. Quand dans mon petit écran, je t’ai vu apparaître, devant ton orchestre de kermesse, je n’ai pu m’empêcher d’exploser de rire. Tous les clichés étaient réunis. Tes clins d’oeils malicieux, tes sourires en coin, tes fameuses poses (jambes fléchies, doigt levé au ciel), ta voix façon patate brûlante coincée dans les molaires, j’en passe. Et puis. Je sais plus trop quand. Je me suis arrêté de glousser. Je crois que… Je sais pas. Ta voix, tes chansons, tes reprises et même ton audience. Ta voix, justement, elle était intacte, peut être même meilleure. Et puis toi, je veux dire, ta présence (mettons de côté ton mauvais goût vestimentaire). Et puis quand t’as repris « My Way » j’ai définitivement fini par me foutre de la gueule de Sinatra que t’avais rhabillé pour l’hiver rien qu’en la chantant à ta façon. Ta façon justement. J’arriverai jamais à la définir clairement. T’as en tout cas eu la façon de me faire ravaler mon ironie et en faire ressortir une espèce de mélancolie douillette, comme quand on a envie de pleurer et qu’on est super heureux en même temps. La façon que t’as… d’être classe et majestueux habillé comme un chapiteau de cirque. Je crois que c’est ce soir-là que j’ai compris pourquoi toi, Elvis, on t’appelle le King.

elvisp

Bande-Son: Elvis Presley Welcome To My World

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