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nothing without lipstick...
29 novembre 2005

New Order Et Bicyclette

Hier matin un vif soleil d’hiver pointait. Alors j’ai ouvert mes volets, puis la fenêtre. L’air glacial rougissait mes joues, le thé menthe/chocolat tiédissait les galeries internes de mon anatomie, quant à la cigarette, elle se contentait de me brûler tendrement la gorge. Cette image, j’aimerai qu’elle s’achève ici. Je voudrais pas tomber dans un vague égarement pseudo romantique, pompeux et indigeste pour le moins loufoque. J’ai mon orgueil. Malgré tout. Et si mon mignon discours contemplatif sur la nature au travers d’une fenêtre avait perduré, je crois que je vous aurais causé des oisillons qui chantaient gaiement sur les branches nues des arbres, de la mélodie divine du vent, des peintures impressionnistes que dessinait le soleil sur le sol…

Et si je faisais un tour à bicyclette ? L’idée me sembla pendant cinq bonnes minutes, très saugrenue, ma proposition me faisant pouffer de rire. Finalement, j’ai réévalué la chose. C’était une excellente décision.


Je me suis habillée en conséquence. J’ai trouvé un vague survêtement gris que maman m’avait donné, une sorte de truc en velours qui dans le temps, parait-il, était noir, chaussé mes converses rouges (ce sont les seules chaussures un tantinet sporty que je possède), noué ma grosse écharpe, enfilé mes mitaines et endossé la seule ombre de ce tableau très sportswear : mon perfecto. Dit comme ça, ça parait ridicule, mais, allez savoir pourquoi, je trouvais que ça me donnait une dégaine plutôt d’enfer.

J’ai pris mon walkman, une cassette (oui ça existe encore) au pif, ça tombait bien, c’était New Order. Mon vélo.

J’ai sillonné à bord de mon bolide rouillé tous les coins où je n’allais plus. Les endroits joyeux de mon enfance, les lieux de mon adolescence, où je ne voulais plus retourner, m’évoquant les pires souvenirs. J’ai un peu franchi une partie de mon existence en pédalant comme une idiote, essoufflée mais souriante. L’air frais et les endroits familiers qui défilaient sur mon passage m’ont procuré un bien être fou. J’ai même fini par me réconcilier avec les paysages au sein desquels je ne tenais plus à figurer, les trouvant simplement beaux et paisibles.

C’était anodin, banal, mais cette promenade, je m’en rappelerai longtemps.

"It was just a very good day"

velo

Je crois que New Order se prête tout particulièrement au vélo. Je n’ai jamais autant été impliquée dans leur musique qu’en pédalant avec mon jogging pourri. J’étais New Order. J’étais leur musique. Comme j’étais la voix de Sinatra quand un taxi ma ramenée chez moi sous la pluie, comme j’étais le rock n’ roll d’Elvis en buvant un milk-shake, comme j’étais l’album « Speak and Spell » de Depeche Mode en rejouant avec mes Barbies et ma figurine Casimir…



Bande-Son: New Order Low Life

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