Jolie Tristesse Et Cadavre De Corbeau

16 décembre 2005

J’aimerais tant pouvoir écrire triste. Quelque chose qui prenne aux tripes. Avec des sanglots plein les mots et des larmes plein la voix. Un tourment d’une luminosité vivace, une souffrance dure et sombre. Avec des insultes lyriques et des envolées grossières. En deux trois bribes télégramme, pouvoir serrer des cœurs et comprimer des estomacs, qu’on trouve ça beau. Beau et triste. Un gros chagrin sur papier glacé. Barbare aussi. Que ça saigne. Et que ça gicle d’hémoglobine majestueuse. Dans un feu d’artifice de violence rouge vermeil. Des plaies qui restent béantes, sans que jamais se forme de croûte. Cicatrisation inexistante. Et puis y’aurait du sexe. Bestial, limite viol. Avec des mots comme « salope » ou « baise ». Qu’on en trouverait ça excitant presque. Des corps quasi morts qui s’accouplent et qui agonisent en baignant dans des odeurs chaudes et âcres. Des bouches tordues avec des cris pleins les dents. Mon texte s’achèverait comme une décomposition. Je suggèrerais une bande originale épurée et enfantine, très second degré, que ça en choque limite. Et puis après, j’irai certainement m’ingurgiter une dizaine de Lexomils, ou bien me pendre avec un collier ultra tendance, selon l’humeur. Mais ça resterait quand même super beau. J’aimerais tant écrire beau.

Hélas, mon drame ne réside pas dans mon cœur scarifié mais dans ma capillarité ébouriffée… Le corbeau que j’avais sur la tête et bel et bien mort et engloutit dans l’évier d’un salon de coiffure dont je tairais le nom. Mais les hommes ne me préfèrent pas encore, autrement dit, je ne suis pas blonde. Après avoir subit un décapage ultra hard, ma crinière de sauvageonne n’aurait pu endurer une coloration trop agressive. Je me retrouve donc avec un châtain aux reflets roux. Ce qui n’est pas trop mal finalement. Ca a un peu la couleur d’un pain d’épice (ou d’un spéculoos), c’est très fêtes de fin d’année, ça reste logique en même temps, ce qui est bien. Mais dans deux semaines, j’éclaircirai à nouveau de trois tons, ce qui donnera, en principe blond foncé, de là, j’éclaircirai encore pour devenir (enfin) divine. La route vers la blondeur sera longue et semée d’embûches. Un chemin de croix.

loulou